Le 19 avril 2024 a été proclamée la Déclaration de New-York sur la conscience des animaux, qui pose des bases solides et rigoureuses concernant la capacité des animaux à avoir des expérience subjectives, positives et négatives. En somme, il s’agit de parler de la sentience des animaux (ou, dans des termes de philosophie, de leur « conscience phénoménale ») – un concept au centre des préoccupations du Projet Méduses, qui y a notamment dédié un site web. D’après la version courte de la déclaration, les preuves scientifiques de la sentience des mammifères et des oiseaux sont solides, et il y a « au minimum une possibilité réaliste » de sentience chez l’ensemble des vertébrés, mais aussi chez les mollusques céphalopodes, les crustacés décapodes et les insectes. Une « nouveauté » qui a fait réagir les médias et les personnes impliquées dans l’expérimentation animale.
Ainsi le président de l’interprofession de l’expérimentation animale s’est vu dire au Monde que « si les connaissances montrent que ces animaux peuvent ressentir, comme les vertébrés, cela paraît légitime de le prendre en compte pour faire évoluer la réglementation« , tout en parlant de la distinction entre nociception et souffrance (un hors-sujet, puisque la déclaration est très explicite sur ce qu’elle désigne). Encore dans Le Monde, la présidente de FC3R a quant à elle souligné les recommandations déjà existantes de l’Insect Welfare Research Society, tandis que le FC3R publiait un billet concluant à « l’importance de réfléchir aux considérations éthiques futures dans nos pratiques de recherche utilisant des insectes« . Des propos qui évitent de revendiquer une prise en compte explicite des invertébrés utilisés en laboratoire par la réglementation française et européenne, quand celle-ci n’en préconise même pas le décompte.
Dans la droite lignée de ces interrogations, la fondation 30 millions d’amis a récompensé cet été une proposition d’inclusion des invertébrés dans la réglementation de l’expérimentation animale, produite par une étudiante dans le cadre d’un diplôme universitaire. Une proposition tout à fait logique, et dont on retrouve l’ambition dès les années 1940 dans la première édition d’un manuel d’expérimentation animale édité par une association anglaise pour le « bien-être animal ».
Quand on voit les limites de la réglementation existante, on peut aussi se demander si y inclure les invertébrés suffirait à les protéger.