Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-009542)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
La douleur neuropathique ne résulte pas d’une stimulation des récepteurs de la douleur, mais d’une lésion ou d’un dysfonctionnement du système nerveux central ou périphérique. Ainsi, les douleurs neuropathiques, dont souffrent 7 % de la population générale, doivent conduire à l’emploi d’un arsenal thérapeutique différent de celui des douleurs nociceptives. Le traitement repose souvent sur les adjuvants plutôt que sur les antalgiques (p. ex., antidépresseurs, antiépileptiques, baclofène, médicaments topiques) ou sur des traitements non médicamenteux (p. ex., kinésithérapie, neuromodulation). Les causes de ces douleurs sont multiples, et incluent des polyneuropathies périphériques (notamment celles du diabète), des lésions nerveuses traumatiques (par exemple après une fracture), des lésions de la moelle osseuse, des AVC, ou encore la sciatique. Des douleurs neuropathiques séquellaires faisant suite à une intervention chirurgicale peuvent également exister. Il n’existe à ce jour pas de traitement 100% efficace des douleurs neuropathiques, dont la prise en charge peut s’avérer complexe (douleurs chroniques, très durables dans le temps, d’où l’impossibilité de donner des antalgiques puissants tels que les opioïdes du fait de leurs effects secondaires), avec un accès inégal de la population aux spécialistes adaptés à la prise en charge de ces pathologies. Ce projet permettra de tester, dans des modèles de douleur neuropathique chez le rongeur, des candidats traitements permettant de diminuer les signes de douleur.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Il n’existe à ce jour pas de traitement permettant de soigner l’ensemble des douleurs neuropathiques, dont la prise en charge peut s’avérer complexe (douleurs chroniques, durables dans le temps), avec un accès inégal de la population aux spécialistes adaptés à la prise en charge de ces pathologies. Ce projet permettra de tester, dans des modèles de douleur neuropathique chez le rongeur, des candidats traitements permettant de diminuer les signes de douleur, dans le but de développer de nouvelles thérapies présentant une bonne efficacité dans la prise en charge de la douleur et l’amélioration de la qualité de vie des patients, le tout sans effet secondaire marqué .
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
Une phase d’administration (durée de l’ordre de la minute) sera réalisée (principalement 1 fois (2 fois max) par jour; pendant 1 à 6 semaines en fonction de la spécificité du traitement). En cas de nécessité d’implanter un cathéter, la chirurgie dure environ 30 à 60 minutes. L’induction de la neuropathie sera réalisée par administration d’un réactif (environ 1 minute, sous contention ou sous anesthésie; fréquence dépendante du réactif : de 1 à 10 injections en standard) ou par chirurgie (5 à 10 minutes, sous anesthésie). Le comportement général des animaux sera évalué (observation avec ou sans manipulation, de l’ordre de quelques minutes) et des tests comportementaux (réaction à des stimuli tactiles ou thermiques, de l’ordre de quelques secondes à 5 minutes). Chaque test sera, en général, limité à 1 à 3 occurrences par jour. En standard un produit étudié pour ses effets aigus sera évalué sur 1 journée. Un produit étudié pour ses effets chroniques sera étudié maximum 3 fois/semaine (en général 1/semaine), le plus souvent sur 1 à 2 semaines. Des prélèvements sanguins (en général 2 maximum par animal) pourront être réalisés (durée de l’ordre de la minute, sous anesthésie légère ou non).
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
Les animaux dans ce projet (à l’exception des animaux témoins, sans induction de pathologie) vont développer une neuropathie, qui peut se manifester par une hypersensibilité à la douleur ou une douleur spontanée, de manière chronique. Les manipulations réalisées au cours des procédures peuvent entraîner un stress le temps de l’administration de réactif, de substance, ou lors du test (e.g. stimulation tactile au niveau d’une patte) ou du prélèvement sanguin, notamment du fait de la contention. Malgré les soins péri-opératoires (incluant un analgésique), il est possible que la chirurgie (le cas échéant) entraîne une douleur post-opératoire au site concerné. Les tests comportementaux basés sur la stimulation tactile ou thermique d’une zone potentiellement douloureuse peuvent entraîner une douleur aigue au moment du test (la stimulation est arrêtée dès la réaction de retrait de l’animal).
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
Les animaux présentant une neuropathie seront euthanasiés, car ils présenteront des lésions nerveuses qui affecteront leur maintien en vie dans de bonnes conditions. Les animaux témoins, sans lésion, pourront être maintenus en vie pour réutilisation s’ils ont bien récupéré des tests (observation par un vétérinaire et par le personnel compétent), et s’ils n’ont pas été soumis à des prélèvements de tissus pour analyse de biomarqueurs notamment (par exemple, prélèvement de structures nerveuses, ce qui rendrait impossible leur maintien en vie).
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
Ce modèle ne peut pas être remplacé par des méthodes alternatives car les modèles in vitro, ex vivo ou in silico ne permettent pas de reproduire actuellement les organes complexes et surtout leur interaction au sein du corps entier, ce qui est un point particulièrement important dans ces modèles car les lésions nerveuses induites entraînent des effets à différents niveaux de ‘organisme, avec notamment une intégration centrale, et induisent des douleurs aussi bien au niveau de la zone lésée, qu’à l’extérieur de cette zone. Ces conditions spécifiques ne peuvent actuellement pas être reproduites in vitro, et l’étude de l’efficacité des traitements (analgésiques, notamment) nécessite l’utilisation d’animaux présentant une douleur neuropathique. Cependant, dans la majorité des cas les traitements médicamenteux étudiés dans le cadre de ce projet ont été sélectionnés au cours d’études in vitro et/ou in silico avant leur évaluation chez l’animal.
2. Réduction
Le nombre d’animaux utilisés pour chaque test sera optimisé de façon à intégrer dans une même expérience la relation dose/effet ou la comparaison par rapport à une substance de référence. Un effectif acceptable sera défini afin d’obtenir une puissance statistique suffisante pour interpréter les résultats de façon correcte, évitant ainsi une répétition des tests. En fonction des paramètres étudiés, les tests paramétriques ou non paramétriques pertinents seront appliqués. Aussi, autant que cela sera possible sans affecter le bien-être des animaux, des prélèvements sanguins en cours d’étude seront envisagés, permettant ainsi de collecter des données biochimiques sur la molécule testée sans utiliser un plus grand nombre d’animaux.
3. Raffinement
Le Raffinement des méthodes expérimentales pour Réduire au maximum la souffrance animale est mis en oeuvre grâce à l’utilisation de points limites spécifiques clairement établis, permettant d’euthanasier tout animal présentant des signes de douleur, de souffrance ou d’angoisse dépassant le cadre de l’étude. En cas de doute sur l’état général de l’animal, une évaluation approfondie sera réalisée quotidiennement jusqu’au retour aux paramètres physiologiques normaux (ou attendus) ou jusqu’à atteinte des points limites. Un formulaire interne spécifique à l’espèce sera alors complété. Ce formulaire de suivi des points limites permet de prendre les bonnes décisions en évitant toute souffrance animale. Il est aussi mis en place un enrichissement complet dans l’hébergement des animaux (e.g. sous la forme de jouets, litière, objets de nidification, objets à ronger ou mastiquer, présence de congénères…). Pendant la phase chirurgicale, les animaux sont anesthésiés et analgésiés, le programme d’anesthésie et d’analgésie étant défini par un vétérinaire, afin de Réduire au maximum toute douleur ou sensation de souffrance. De plus, la phase de chirurgie est raffinée au maximum, par la mise à disposition d’oxygène ou air ambiant à concentration ajustable, de tapis chauffants et/ou de lampes chauffantes et de soins post-opératoires complets. Si pertinent, une anesthésie légère sera appliquée pour certaines administrations ou prélèvements sanguins.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
Les rongeurs sont des modèles largement employés pour étudier une grande variété de douleurs neuropathiques, que ce soit des modèles de lésion, de neuropathie consécutive à une maladie, ou encore à un traitement par chimiothérapie. Principalement rongeurs sevrés (à partir de 21 jours, jusqu’à l’âge adulte) car les douleurs neuropathiques étudiés dans ce projet ne sont pas des maladies pédiatriques.