Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-185594)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
Les glucocorticoïdes (GC) sont des hormones bien connues pour leurs puissantes propriétés anti-inflammatoires. Elles sont souvent utilisées comme médicaments pour traiter diverses maladies inflammatoires. Leur production est généralement déclenchée par le stress psychologique et dépend de l’activation d’un lien entre le cerveau et les glandes surrénales, appelé « axe HPA ». Des études récentes ont montré que le développement de tumeurs peut également provoquer la production de GC, ce qui peut influencer la croissance des tumeurs et la réponse du système immunitaire contre elles. Des recherches menées dans notre laboratoire ont également montré que certains neurones sensoriels, appelés nocicepteurs, qui sont impliqués dans la perception de la douleur, peuvent influencer la croissance des tumeurs et la réaction du système immunitaire. Nous pensons donc que la stimulation de ces neurones dans la tumeur pourrait activer l’axe HPA et augmenter la production de GC, ce qui pourrait affecter le développement des tumeurs. Notre projet vise à explorer cette question dans différents types de cancers, tels que le cancer du sein, le fibrosarcome, le mélanome, les métastases pulmonaires liées au cancer du sein, et l’adénocarcinome mammaire.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Les glucocorticoïdes sont produits lors du développement d’un cancer. Ils semblent jouer un rôle crucial dans la croissance tumorale et modulent la réponse immunitaire antitumorale. Parallèlement, la douleur, qui résulte de l’activation des neurones sensoriels ou nocicepteurs, est l’un des symptômes majeurs associés au cancer. Les nocicepteurs, en plus de leur rôle dans la perception de la douleur, régulent également la croissance tumorale et influencent la réponse immunitaire antitumorale. Ainsi, il existe une interaction complexe entre les glucocorticoïdes, les nocicepteurs, la croissance tumorale, et la réponse immunitaire antitumorale, soulignant l’importance de ces éléments dans la progression et le traitement du cancer. Notre projet de recherche a pour objet de comprendre cette interaction et pourrait à terme conduire au développement de thérapies plus ciblées. De plus, en fonction des relations existant entre douleur et production de glucocorticoïdes, cette étude pourra nous éclairer sur l’utilisation raisonnée d’antalgiques et d’anti-inflammatoires stéroïdiens et donc la prise en charge thérapeutique notamment dans le cancer.
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
Les souris seront soumises à différents types d’injections qui n’excéderont pas 10 secondes. Elles subiront également des prélèvements sanguins réalisés sous anesthésie gazeuse. Certaines souris seront également soumises à une procédure chirurgicale afin d’implanter une pilule biodégradable permettant la libération prolongée et continue d’un traitement.
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
Les animaux seront porteurs d’une ou plusieurs tumeurs susceptibles de déclencher des douleurs chez les animaux. Compte tenu de la nature même du projet qui propose d’explorer l’effet des neurones impliqués dans la perception de la douleur, aucun analgésique ne pourra être utilisé sans compromettre les résultats expérimentaux. Cependant, des données de la littérature et de notre expérience avec ces différents modèles, nous savons qu’aux temps où nous avons choisi de sacrifier les souris, la taille des tumeurs ne sera pas suffisamment importante pour provoquer de la douleur ou une souffrance modérée. Les souris seront soumises à diverses interventions (injections de cellules, d’agents chimiques et actes chirurgicaux) susceptibles de provoquer des douleurs allant de modérées à sévères, ainsi qu’à un stress de durée variable, allant de courte (10 secondes) à plus longue durée (1 heure).
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
mise à mort des animaux à la fin des procédures expérimentales pour récupérer les organes d’intérêts (tumeurs, poumon, rate, DRG, moelle epinière, cerveau)
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
Notre hypothèse repose sur le fait que certains neurones sensoriels pourraient influencer la production des glucocorticoïdes lors du développement tumoral. Compte tenu de la nature même du projet, seuls des modèles animaux sont utilisables pour répondre à ces questions. De plus, la tumeur est un micro-environnement complexe qui ne peut pas être modélisée in vitro et in silico, particulièrement en ce qui concerne son innervation sensorielle. Cependant, pour la recherche des mécanismes de l’interaction neurone-cellules immunitaires-cellules tumorales, nous veillerons à utiliser dès que possible des techniques ex vivo déjà maitrisées au laboratoire, telles que la coculture de neurones, de cellules tumorales et de cellules immunitaires.
2. Réduction
Le plan de nos expériences est construit de sorte à limiter le nombre de souris au maximum. Les modèles tumoraux obtenus par injection de cellules tumorales sont très bien décrits dans la littérature et en grande partie maitrisés au sein du laboratoire. Ainsi, la pousse tumorale aura lieu dans quasiment 100% des souris. Bien que les stratégies de croisement soient plus complexes pour le modèle de développement tumoral spontané, les femelles développeront également des tumeurs dans 100% des cas. Des expertises antérieures de certains membres de l’équipe, enrichies par des recherches bibliographiques, nous ont permis de déterminer le nombre strict de souris nécessaires par expérience pour obtenir des résultats fiables et exploitables.
3. Raffinement
Pour Réduire le stress des animaux, un temps d’acclimatation d’une semaine sera respecté avant toute procédure. Les souris seront hébergées par groupes de cinq dans des cages avec litière, nid en papier et petites maisons. Elles auront accès librement à la nourriture et à l’eau, et pourront se déplacer librement. Une surveillance quotidienne permettra de repérer tout signe de souffrance (comme la perte de poids, des changements d’apparence ou de comportement). Si des signes de mal-être apparaissent, des mesures comme la mise à disposition de nourriture humide ou le soin des plaies seront mises en place. À partir d’une certaine taille de tumeur, de la nourriture humide sera systématiquement ajoutée dans les cages pour faciliter l’accès à la nourriture et à l’eau, et des bâtonnets de bois seront donnés pour que les souris puissent user leurs dents. Le poids des souris sera mesuré trois fois par semaine, et si une souris perd 20 % de son poids initial, elle sera euthanasiée. Toutes les interventions (mesure des tumeurs, prises de sang, pesée) seront regroupées pour Réduire le stress, et les injections seront effectuées par du personnel expérimenté. Les mesures de tumeurs seront réalisées sous une anesthésie légère au gaz pour minimiser la douleur et le stress.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
La souris constitue un modèle idéal pour notre étude. Le haut niveau de similarité de sa biologie par rapport à l’homme (dans notre cas, les schémas des systèmes immunitaires et neuronaux sont très similaires entre l’homme et la souris), l’état actuel des connaissances, les outils et structures disponibles pour sa manipulation et un temps de génération court font de la souris le modèle idéal à l’étude des systèmes immunitaire et nerveux. De plus, le modèle murin est un modèle de choix par l’existence de souris génétiquement modifiées Des souris d’âge minimum de 7-8 semaines seront utilisées afin d’avoir un système immunitaire et sensoriel mature.