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Visualisation et modulation des cellules cérébrales individuelles afin de comprendre et traiter les problèmes mnésiques

Types de recherche
Recherche appliquée, Recherche fondamentale, Système nerveux, et Troubles nerveux
Mots-clés
manipulation neuronale, mémoire, réseaux cérébraux, et visualisation neuronale
Souris : 1514
Souffrances
sans réveil0
légères0
modérées1074
sévères440
Devenir
Mise à l'adoption0
Reproduction (ou relâché si sauvage)0
Réutilisation0
Devenir non indiqué1514

Objectifs et bénéfices escomptés du projet

Décrire les objectifs du projet.

L’étude de la mémoire et de ses bases neuronales est essentielle pour comprendre ses mécanismes et pouvoir, à partir de ces analyses, traiter les troubles qui y sont liés, comme la maladie d’Alzheimer, le syndrome de stress post- traumatique et d’autres types d’amnésie. Dans ce projet, nous proposons d’utiliser un modèle animal pour étudier comment la mémoire est stockée et rappelée à court et long terme. Cela nous permettra de comprendre les modalités d’activation des régions impliquées, et, en visualisant et en modifiant leur activité, de comprendre dans quelle mesure ces régions influencent le maintien de souvenirs spécifiques. En particulier, nous utiliserons une tâche de conditionnement classique pour former et étudier des souvenirs émotionnels, positifs et négatifs. Par ce projet, nous souhaitons répondre à quatre questions principales : quels sont les changements d’activité observés au niveau des cellules individuelles (1) ou du cerveau entier (2) lorsqu’un animal apprend et se souvient d’un événement passé ? La manipulation artificielle de ces régions identifiées peut-elle influencer le comportement de l’animal (3) et l’activité des régions cérébrales qui leur sont liées (4) ?

Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?

Le modèle souris est un excellent modèle translationnel, qui nous permet d’étudier la complexité des fonctions cognitives telles que la mémoire. Il nous permet, grâce à des techniques invasives, de tester par la manipulation et la visualisation in vivo les dynamiques neuronales qui sous-tendent la formation et le rappel de la mémoire, et ce à différentes échelles. A court terme, le projet permettra d’élucider le fonctionnement de la formation et du rappel des souvenirs à court et long termes, chez la souris mais également de façon translationnelle chez l’Humain. A plus long terme, ces connaissances pourront conduire à la découverte et au développement de thérapies plus ciblées et efficaces pour lutter contre divers troubles de la mémoire, et donc avoir un impact clinique concret. Nous utilisons le modèle souris en particulier car la reproduction est rapide et mène à un grand nombre d’animaux dans chaque portée, ce qui facilite l’obtention rapide de résultats statistiquement significatifs. Par ailleurs, l’ensemble de l’équipe est formé sur ce modèle, ce qui permet la Réduction maximale du nombre d’animaux utilisés, et la littérature sur la mémoire est très riche pour cette espèce (par comparaison, par exemple, au modèle rat).

Nuisances prévues

À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?

Au cours de chaque phase de ce projet, les animaux peuvent passer par : – Un régime alimentaire de maximum 5 jours (et de maximum 2 fois par animal, à plusieurs semaines d’intervalle) pendant lequel l’animal reçoit une quantité restreinte de nourriture. Chaque jour, les animaux sont surveillés et si leur poids diminue trop, les quantités de nourriture mises à disposition sont modifiées en conséquence ; – Des tests comportementaux pour étudier leur mémoire et leur niveau de stress. Ces tests sont très courts et durent entre 5 et 10 minutes. – Des opérations chirurgicales sous anesthésie générale qui durent entre 30 et 50 minutes. Si un animal subit plusieurs interventions chirurgicales (dans tous les cas, 3 au maximum par animal), celles-ci sont espacées d’au moins 1 semaine. – Dans certains cas spécifiques, les animaux seront maintenus en isolement depuis l’intervention chirurgicale jusqu’à la fin des expériences comportementales, qui dureront au maximum deux mois à compter de la date de l’opération. Certains animaux recevront une injection d’acide kainique afin de déclencher des crises épileptiques.

Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?

Pour ces études, la technologie de pointe utilisée nécessite des procédures d’implantation invasives à l’intérieur du cerveau de l’animal. Les animaux subiront donc une ou deux craniotomies, suivies d’une injection d’un vecteur viral ou d’une implantation. Cette procédure, douloureuse, sera donc effectuée sous anesthésie générale et durera un peu moins d’une heure. Les implants n’affectent toutefois pas le comportement normal et le bien-être de l’animal une fois implantés. Certains animaux devront subir une privation de nourriture partielle, procédure indispensable à leur motivation pour certaines tâches comportementales. La quantité de nourriture qu’ils ingèrent chaque jour sera limitée, mais de manière à ne pas dépasser une perte supérieure à 10% de leur poids normal afin d’éviter tout stress superflu ou malnutrition, ce qui serait non seulement préjudiciable à l’animal mais aussi contre-productif pour nos expériences, qui exigent que l’animal soit en parfaite santé et non stressé ou même malade, car cela fausserait les résultats de nos recherches. Pour les expériences employant l’électrophysiologie, la fragilité des implants ne permet pas de replacer les souris dans la même cage que leurs congénères, et ceci cause un stress émotionnel modéré à fort. Néanmoins, cela permet de Réduire le nombre d’animaux utilisé, en réduisant au maximum les risques que l’implant ne tienne pas dans la durée. Par ailleurs, cet isolement n’est pas le cas pour tous les autres implants utilisés. Par ailleurs, ce projet étudiant les souvenirs émotionnels, certains animaux devront subir un conditionnement aversif, induisant une douleur moyenne brève, ainsi qu’un stress passager d’intensité modérée. Pour les expériences employant l’acide kainique, l’injection induira des crises épileptiques, occasionnant un stress d’intensité forte mais passager (retournant à la normale après 4 heures en moyenne).

Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.

Tous les animaux seront mis à mort. Celle-ci interviendra alors que l’animal sera profondément anesthésié. Ceci est absolument nécessaire pour les études histologiques et immunohistochimiques.

Application de la règle des "3R"

1. Remplacement

3R / Remplacement :

Du fait des approches intégratives de ce projet, l’utilisation d’animaux vivants reste incontournable. En effet, à l’heure actuelle, il n’existe pas de méthodes substitutives in vitro, ex vivo ou in silico pour obtenir des données sur ces processus cognitifs, bien trop complexes pour envisager toute simulation informatique. Par ailleurs, de par la nature de nos expérimentations (chirurgie, conditionnement aversif, analyse par immunohistochimie), il nous est impossible d’employer directement des sujets humains. Le modèle souris se révèle alors être idéal du fait de la proximité fonctionnelle entre son système nerveux central et celui de l’humain quant à ses capacités à créer des souvenirs émotionnels simples (auxquels nous nous intéressons, type conditionnement pavlovien) et de sa petite taille. Ceci explique également l’impossibilité d’utiliser des modèles animaux invertébrés, trop éloignés de l’humain pour raisonnablement étudier une réponse émotionnelle à un souvenir ainsi que trop éloignés dans la configuration du système nerveux central, critique à notre étude inter-régions.

2. Réduction

3R / Réduction :

Le nombre d’animaux est limité au nombre minimal permettant de faire des études statistiquement significatives, nombre choisi sur la base d’expériences présentées dans des articles montrant des analyses similaires. Nous utilisons également les tissus après les expériences, maximisant ainsi l’utilisation de chaque animal.

3. Raffinement

3R / Raffinement :

Afin d’améliorer les conditions de vie des animaux, Réduire la douleur, le stress et l’anxiété causés lors des différentes procédures, un certain nombre de mesures sont mises en place : – Les cages seront enrichies d’un tube en carton qui permettra de manipuler les souris sans les soulever par la queue. – Les animaux seront habitués plusieurs jours avant les expériences aux branchements et débranchements de leurs implants afin de Réduire leur stress. – Nous avons amélioré la technique d’implantation des optrodes et des plaques de base du miniscope afin de ne plus avoir à isoler les animaux après implantation. – En plus de l’utilisation d’anesthésiques adaptés et d’anti-inflammatoire, nous appliquons également un anesthésique local ainsi qu’un analgésique lors de la chirurgie et après la chirurgie en cas de signes de douleurs. Nous appliquerons également des points limites spécifiques aux chirurgies (saignement trop important pendant la chirurgie, perte de poids trop importante ou signes de douleur ne s’améliorant pas malgré l’administration d’analgésiques en postchirurgie, etc.) et aux procédures expérimentales (en particulier, le non retour à la normale des animaux de la procédure 5 suite à l’épilépsie induite) employées, au delà desquels les animaux seront euthanasiés (cf. partie 4.2., où les points limites sont détaillés pour chaque procédure.

Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.

Les comportements que nous souhaitons étudier sont trop complexes pour justifier de l’utilisation d’espèces non-mammifères (drosophile, poisson-zèbre, etc.). De même, les méthodes in silico et in vitro ne sont pas assez développées pour modéliser ni la mémoire, ni le fonctionnement du cerveau à si grande échelle. Par ailleurs, eu égard au nombre d’animaux requis, les rongeurs (et plus particulièrement les souris) s’imposent de par la facilité et la stabilité de leur élevage. La souris a également été préférée au rat pour deux principales raisons: – La littérature relative à la mémoire, incluant tous nos précédents travaux, est bien plus riche chez la souris que chez le rat. – Notre équipe est déjà formée sur la souris, notamment pour la réalisation des chirurgies. Ne pas changer de modèle nous permettra de conserver ce savoir-faire, et ainsi de ne pas euthanasier d’animaux supplémentaires pour adapter les chirurgies à un nouveau modèle animal. Les souris étudiées seront adultes (plus de 7 semaines) au début des expériences. A cet âge, leur cerveau a fini son développement, ce qui est critique pour le bon positionnement des implants dans les régions visées.