Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-466124)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
Les espèces exotiques envahissantes représentent la 3ème cause de perte de biodiversité insulaire. Le transport volontaire ou non par l’homme d’êtres vivants peu conduire à leur développement à l’état sauvage en dehors de leur aire naturelle de répartition. Lors du développement de ces animaux dans la nature, des effets négatifs peuvent être observés sur les espèces natives et des milieux colonisés, ainsi que sur la santé humaine, et les activités économiques. Afin de limiter au mieux ces effets négatifs, une bonne connaissance de l’utilisation de l’espace des animaux exotiques est requise afin de proposer des dispositif de piégeage permettant d’en capturer le maximum – voire la totalité. L’utilisation de l’espace par les animaux est mesurable par différentes méthodes : la capture-marquage-recapture (CMR), la réception de signaux émis par des petits émetteurs à haute fréquence, ou encore, la géolocalisation automatisée par des balises miniaturisées réceptionant des signaux de satellites (GPS). Ce projet a pour objectif principal de mieux connaître l’amplitude des mouvements, la densité de population, et l’effet d’une sédation des animaux sur l’amélioration de leur probabilité de recapture, chez trois espèces de petits mammifères exotiques envahissants dans une île tropicale, grâce à des géolocalisations satelittaires, et par CMR : la petite Mangouste Indienne Urva auropunctata, l’Opossum commun Didelphis marsupialis, et le Rat noir Rattus rattus. Cette connaissance de l’utilisation de l’espace permettra de mettre en place des dispositifs de piégeage permettant d’en capturer le plus grand nombre – si ce n’est la totalité -, pour s’assurer qu’une diminution significative des abondances de ces mammifères est bien liée à l’augmentation attendue de celles de leurs proies potentielles, permettant de sauvegarder des espèces endémiques menacées d’extinction (oiseaux, reptiles).
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Le projet alimentera les premières observations sur l’utilisation de l’espace par le Rat noir, l’Opossum commun, et la petite Mangouste Indienne, constituant une connaissance de l’écologie spatiale qui est encore peu connue pour ces espèces. C’est également le cas de leurs densités de populations qui ne sont pas documentées dans les habitats de forêts tropicales sèches. Les bénéfices attendus du projet concernent surtout une amélioration des statuts de conservation de populations d’espèces de petits vertébrés endémiques menacées d’extinction (oiseaux, reptiles), que ce soit directement ou indirectement, par une prédation ou une compétition pour la nourriture ou des sites de refuges et d’abris par ces mammifères exotiques envahissants. Par ailleurs, les dispositifs de luttes (pièges vulnérants) pourront être améliorés afin d’atténuer des risques liés à la capture d’individus d’espèces non cibles susceptibles de pâtir des campagnes de lutte. Un autre bénéfice attendu est la mise en place de protocole de suivi des abondances de ces populations au moyen de pièges photographiques, évitant la capture physique des individus de ces espèces. La pose d’un collier munis de balises miniaturisées réceptionant des signaux de satellites fixé sous sédation par anesthésie gazeuse sur le terrain n’est pas employée dans le cas de suivi de la petite Mangouste Indienne, très peu documentée pour le Rat noir, et inconnu pour l’Opossum commun : le projet permettra de calibrer, et d’apprécier les avantages et les inconvénients de cette méthode. A noter que ce protocole permettra également d’évaluer l’effet de la manipulation sous sédation sur la probabilité de recapture des individus en comparaison d’animaux manipulés sans être endormis – qui est attendue plus élevée chez les individus manipulés inconscients en comparaison de ceux manipulés à l’état vigile. En effet, le stress induit par la manipulation de animaux capturés peut les inciter à mois se refaire capturer.
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
Sous anesthésie générale (Isoflurane) – qui ne durera pas au-delà de 5 minutes, au maximum 684 animaux seront marqués par une puce d’identification par radio-fréquence (RFID) implantée sous la peau (procédure 1) uniquement lors de leur première capture, afin de les reconnaître lors de leur recapture ultérieure (ou ils seront relâchés immédiatement après avoir noté leur numéro d’identification et leur masse, sans autre manipulation). Egalement sous anesthésie générale (Isoflurane), 60 individus seront marqués par une puce RFID sous-cutané et avec la pose d’un collier munis de balises miniaturisées réceptionant des signaux de satellites (procédure 2). L’implantation de la puce d’identification sur l’animal inconscient est effectuée par un trocard stérile à usage unique introduisant une puce de 11 mm3 (équivalente à un grain de riz pesant 0.031 g) parallèlement sous la peau du cou (profondeur de 1,5 cm), après application d’un gel analgésique une fois la zone d’implantation épilée (sur 1-2 cm2) et désinfectée. Profitant de l’anesthésie gazeuse lors de la pose de la puce d’identification, un lot de femelles adultes sera également équipé d’un collier muni d’une balise GPS miniaturisée (procédure 2) représentant moins de 4% de leur poids (5 g pour les rats [soit
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
La pose d’une puce d’identification RFID sous-cutanée sous anésthésie (procédure 1), réalisée dans l’environnement familier de l’animal, est de courte durée (tout au plus 30 minutes de temps de récupération de leur capacité post-anesthésique) et n’entraine pas de faim/soif/malnutrition chez l’individu, ni aucune détresse, stress physique/thermique ou peur, ou encore de lésion ou de maladie. Ce geste n’induit qu’une légère douleur au moment de l’implantation de la puce sous la peau.
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
Les animaux sont relâchés marqués par une puce d’identification sous-cutanée, et pour un sous-lot de femelles adultes additionnellement muni de leur équipement de suivi satellitaire, afin de mesurer les distances qu’ils parcourent dans leur domaine vital pendant au moins 15 à 20 jours. La mesure de ces distances aidera à améliorer les dispositifs de captures de ces espèces, que ce soit 1/ à des fins de contrôle de leur population exigé par la loi pour favoriser la survie d’espèce de petits vertébrés menacés d’extinction en relation avec leur prédation par les espèces étudiées, ou 2/ de la surveillance de leur répartition et de leur abondance dans des habitats protégées. Un effort particulier sera appliqué pour allonger le temps de chance de recapture à au moins 20 jours – à partir de la date du dernier individu équipé – afin de pouvoir déséquiper les individus.
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
L’étude porte sur l’acquisition de connaissance du mode de déplacement d’individus dans des populations « à l’état sauvage », dans leurs environnements naturels. Dès lors, l’utilisation d’animaux capturés vivants dans leur environnement ne peut être remplacée par d’autres modèles non animaux, ou d’origine captive. Une amélioration des connaissances acquises dans le cadre du projet devrait toutefois permettre, à termes, de disposer d’informations permettant de progresser sur une modélisation spatiale des risques d’impacts de ces mammifères exotiques envahissants à de plus larges échelles sans avoir recours à leur capture et manipulation, ainsi que les modalités d’un protocole de suivi des abondances des populations par piégeage photographique sans recours à une capture physique.
2. Réduction
En se basant sur des estimations théoriques où de très fortes densités de population seraient observées pendant les opérations de terrain, nous envisageons d’utiliser dans les deux procédures prévues dans le projet au maximum 144 rats, 138 opossums, et 232 mangoustes a cours de deux sessions de piégeages. Ainsi – au total sur 2 années, ce sont au grand maximum 514 individus qui pourraient être soumis à une anesthésie gazeuse : 454 à but de simple marquage par puce d’identification sous-cutanée (procédure 1), et 60 femelles adultes soumises à double marquage constitué d’une puce d’identification sous-cutanée et d’un collier muni d’une balise miniaturisée de suivi par satellites (procédure 2). Pour les mesures à partir des données d’équipement de suivi par satellites, en faisant l’hypothèse d’une population d’origine infinie, un échantillon de 16 individus tirés au hasard dans cette population doit permettre d’estimer une moyenne de l’amplitude spatiale du mouvement avec une précision convenable (Coefficient de variation = 20%), pour une erreur de mesure tolérée de 10%. En d’autres termes, un total de 16 femelles doit être échantillonné au hasard dans la population pour s’assurer à 95 % de chance que la moyenne du paramètre mesuré se situe dans les 10 % de la moyenne réelle de la population. Toutefois, l’emploi d’un dispositif de suivi par satellites n’ayant pas été testé auparavant pour deux des trois espèces considérées (opossum commun et rat noir), laisse une part d’échec possible que nous estimons, de notre expérience sur des suivis par balises satellitaires de petits rongeurs de l’ordre de 25%. Ce taux d’échec est proche de celui rapporté pour la petite mangouste indienne (21%). Nous envisageons donc d’utiliser 4 femelles adultes en plus (20%) pour chaque espèce aux 16 nécessaires pour disposer d’une mesure précise de notre paramètre de détection spatiale, conduisant à utiliser au maximum 20 femelles adultes.
3. Raffinement
La petite mangouste indienne est diurne, alors que les rats noirs et les opossums communs sont nocturnes. Un premier relevé des pièges aura lieu dans les 3 hrs suivant le lever du soleil afin de libérer les animaux capturés dans la nuit et en matinée, et dans les 3 hrs avant le coucher du soleil pour ceux capturés de jour. Les pièges seront appâtés (beurre de cacahuète, saucisse, et fruit). Des débris végétaux seront placés au fond de la cage piège – pour constituer une cachette, ou encore un tapis. Les cages seront disposées à l’ombre, et en hauteur pour éviter un risque d’inondation en cas de pluie. Le critère le plus strict utilisé à ce jour exige que les pièges de contention homologués retiennent des animaux pendant 24 heures avec moins de 57 % d’entre eux présentant des blessures graves pouvant diminuer la survie après relâchés. Les individus seront maintenus captifs < 12 hrs, diminuant encore plus les risques de stress et de blessures graves. L’anesthésie générale (isoflurane 4%) permet de limiter le stress de l’animal et les risques de morsures pendant sa manipulation, ainsi qu’un réveil rapide. Les colliers sont souples (mais non élastique, type serflex), et ajustés au niveau du cou pour ne pas risquer de blessures, d’accrochages ou de blocages (végétation, patte, interactions avec d’autres individus ;). Un point de rupture sera appliqué au collier (fil fin en coton). La pose de la balise au niveau du haut des épaules – base du cou – permet d’éviter tout empêchement de mouvement (locomotion, confort). Les balises satellitaires sont miniaturisées : pour les rats noirs la balise pèse 4 g (ajout d’1 g de collier), mesure 2,3Lx1,2lx0,6h cm, et celle pour les opossums et les mangoustes pèse 20 g (collier compris) et mesure 3,5Lx1,8lx1,5h cm. Des femelles adultes de rats noirs > 150 g seront sélectionnées, ainsi que des mangoustes > 450 g, et des opossums > 800 g, correspondant à un ratio de masse compris entre 1% et 4% selon les espèces. Ce ratio laisse la possibilité de perte/gain de poids potentiel des individus de 10% (correspond au remplissage/vidage d’un estomac – e.g. chez le rat noir) pendant la période de leur équipement tout en restant avec un ratio de masse ≤ 5% pour les mangoustes, et < 4% pour les rats noirs et les opossums communs. De plus, l’anesthésie aurait un effet positif sur les individus en limitant le stress à la capture. Un individu recapturé ayant perdu sa balise ne sera pas rééquipé.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
Les rats noirs, les opossums communs, et les petites mangoustes indiennes, sont les principaux mammifères à l’origine d’une pression de prédation avérée sur des espèces d’oiseaux ou de reptiles (terrestres ou marins) endémiques menacées des Petites Antilles, avec les chats harets. Une bonne connaissance de leur mode d’utilisation de l’espace est essentielle dans l’objectif de pouvoir disposer de protocole efficace de leur limitation afin de sauvegarder/restaurer les populations menacées d’extinction de leurs proies. Le projet nécessite la capture d’individus « in natura », pour lesquels i) un nombre maximum d’individus a été défini, ii) des conditions optimales de captivité temporaire dans le piège ont été prévues (durée, abri, protection, apport alimentaire), iii) une manipulation rapide par contention chimique (anesthésie gazeuse à l’isoflurane, temps moyen estimé max. de 10-15 mn), iv) analgésie et prévention de risques d’infection pour le marquage sous-cutané, et v) le relâché sans prélèvement. Toutes les classes d’âge, que nous supposons être majoritairement constituées de sub-adultes et d’adultes (hors période de reproduction), seront utilisées lors de la capture-marquage-recapture. Une appréciation réaliste de la densité doit prendre en compte la variabilité liée à la structure d’âge de la population. Sur un autre plan, seules des femelles adultes seront équipées de balises GPS sous anesthésie gazeuse. L’objectif du projet est de disposer d’un protocole efficace de diminution des effectifs des populations de trois espèces de mammifères exotiques envahissants dans le but de mesurer l’augmentation consécutive de ceux de leurs proies, constituées d’espèces de petits vertébrés endémiques menacés d’extinction. Or, la limitation durable d’une population exige la mise en place d’un dispositif de piégeage permettant de capturer la quasi-totalité des femelles en âge de se reproduire.