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Développement chez la souris d’une nouvelle méthode contraceptive non hormonale

Types de recherche
Biologie du développement, Oncologie, Recherche appliquée, Recherche fondamentale, et Troubles urogénitaux
Mots-clés
contraception, ovule gynecologique, et recepteurs olfactifs
Souris : 640
Souffrances
sans réveil0
légères640
modérées0
sévères0
Devenir
Mise à l'adoption0
Reproduction (ou relâché si sauvage)0
Réutilisation0
Devenir non indiqué640

Objectifs et bénéfices escomptés du projet

Décrire les objectifs du projet.

La contraception bénéficie de nombreuses méthodes. La pilule à base d’hormones qui est l’une des méthodes les plus utilisées dans notre société souffre à tort ou à raison d’une suspicion quant aux effets négatifs que l’usage répété d’hormone pourrait engendrer. Les travaux de recherche sur les récepteurs olfactifs (OR) capables de reconnaître des molécules odorantes, ont montré qu’un certain nombre d’entre eux étaient présents à la surface des spermatozoïdes de plusieurs mammifères dont l’homme et la souris. Il a été montré qu’un odorant, le bourgeonal, modifiait in vitro le chimiotactisme des spermatozoïdes humains et que le lyral, un autre odorant, modifiait lui aussi in vitro le chimiotactisme des spermatozoïdes de souris. Suite à ces travaux, nous avons cherché à savoir si in vivo l’addition de lyral dans le vagin des souris modifierait leur chimiotactisme. Pour cela, nous avons émis l’hypothèse qu’une surcharge de lyral dans le vagin de souris serait de nature à perturber la reconnaissance d’un ligand naturel à découvrir et limiterait la fécondation de l’œuf. Dans une série d’expériences préliminaires nous avons de fait observé que l’introduction de lyral liquide dans le vagin de souris perturbait la procréation : Ainsi, la copulation de 31 couples de souris, n’a donné naissance qu’à 176 souriceaux (13 femelles n’ayant eu aucune progéniture) alors que tous les couples témoins (n=31) ont été productifs et amené à la naissance de 372 souriceaux (résultats non publiés). A partir de ces résultats, statistiquement significatif, nous avons émis l’hypothèse qu’une molécule odorante introduite dans le vagin par un ovule pourrait être la source du développement d’une nouvelle méthode contraceptive non hormonale. Le présent projet a pour but de tester cette possibilité, ainsi le mode de l’utilisation via un ovule.

Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?

Les conséquences et bénéfices attendus sont à deux niveaux le premier dans le cadre de la pratique médicale, le second sur le plan de la recherche fondamentale. 1) Si le lyral introduit dans le vagin à l’aide d’un ovule diminue nettement la procréation, comme observé précédemment chez les souris ayant reçu du lyral liquide il est prévu de faire des essais cliniques d’utilisation d’ovules chargés d’un odorant reconnu par les OR exprimés à la surface des spermatozoïdes humains, dans le but de développer une nouvelle méthode contraceptive sans hormone. 2) Sur le plan de la recherche fondamentale, une forte limitation de la taille des progénies confirmerait les résultats de nos expériences précédentes selon lesquels les OR exprimés à la surface des spermatozoïdes ont un rôle biologique dans la fécondation de l’oeuf, ce qui n’a jamais été démontré. Cela ouvrirait la voie à la recherche de ligand(s) particuliers impliqués dans le chimiotactisme naturel des spermatozoïdes et dans la reproduction. Cela conduirait aussi à la recherche des cellules émettrices de ce ligand et plus encore permettrait d’envisager de nouvelles explications et hypothèses de travail relatifs à la stérilité de certains couples.

Nuisances prévues

À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?

L’expérimentation se limite à l’introduction d’un ovule de la taille d’un petit grain de blé dans le vagin de souris avant leur mise en accouplement. L’introduction sera réalisée manuellement et délicatement la souris est maintenue, sans contrainte par la base de la queue afin de permettre à l’expérimentateur d’accéder à la région vulvaire. L’ovule est introduit délicatement avec le pouce. L’expérimentateur maintient une légère pression avec son pouce sur la région génitale afin d’éviter une sortie de l’ovule et exerce un massage doux de la zone pour faciliter l’introduction complète de l’ovule et apporter du bien être à l’animal pendant ce geste. Le temps d’introduction complète est d’environ 2m30s et l’animal ne montre aucun signe de douleur ou de stress (pas de morsure, de réaction de fuite…) Le geste sera répété à une semaine d’intervalle ou plus, en cas de non copulation. La même souris femelle pouvant être utilisée jusqu’à 3 fois, si nécessaire.

Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?

Les expériences préliminaires que nous avons faites et qui consistaient en l’introduction directe de lyral dans l’espace vaginal de souris n’ont pas mis en évidence d’effets indésirables à court ou moyen terme chez les souris. La même dose sera utilisée dans cette expérience. L’introduction de la molécule via un ovule sera également sans effet. Aussi toutes les souris recevant un ovule (placebo ou test) seront quotidiennement observées pour noter tout changement dans leur comportement ou l’apparition de quelques symptômes qu’ils soient. Etant donné le caractère allergisant du lyral, une attention particulière sera donnée à l’apparition de démangeaisons et de conjonctivites pendant 2 à 3 semaines après introduction des ovules. Les souris feront l’objet d’une surveillance quotidienne de leur comportement afin de détecter toute gêne éventuelle, ou phénomène de nature allergisant (dermatites, conjonctivites). Si de tels problèmes étaient observés, risquant d’entrainer une douleur chez l’animal, l’expérience sera stoppée et celui-ci sera euthanasié.

Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.

Après chaque accouplement, les souris seront remises dans le pool et utilisées pour d’autres accouplements. Les souriceaux seront immédiatement mise à mort.

Application de la règle des "3R"

1. Remplacement

Il est impossible de Remplacer ces expérimentations chez la souris, préliminaires à des essais cliniques chez l’homme, par des tests in vitro dans la mesure où la question posée est celle de savoir si un ovule libérant dans le vagin une molécule odorante se fixant à la surface des spermatozoïdes pourrait empêcher la procréation en perturbant leur chimiotactisme en direction de l’œuf. A l’évidence, des expériences reposant sur fécondation in vitro ne permettrait pas de tester cette hypothèse.

2. Réduction

Le nombre d’animaux a été réduit au strict minimum nécessaire pour réaliser des analyses statistiques pertinentes et scientifiquement irréprochables afin de valider les données obtenues.

3. Raffinement

Les animaux seront hébergés dans une structure agréée qui tient compte de l’éthique animale. Les accouplements seront hébergés dans une armoire ventilée afin d’éviter les conséquences olfactives de l’utilisation de la molécule odorante sur les autres animaux présents dans la pièce d’hébergement. Le reste du temps l’hébergement se fera en groupes sociaux et les animaux bénéficieront d’un environnement calme et d’une alimentation abondante. Une surveillance journalière des animaux sera réalisée pour s’assurer que les conditions de bien-être sont respectées. Si des souris présentaient une réaction de nature allergisante, elles seraient immédiatement retirées de l’expérience. Par ailleurs, rappelons que les ovules sont de qualité pharmaceutique, fabriqués par une société pharmaceutique avec des produits autorisés par la pharmacopée et ainsi sans danger par elles-mêmes.

Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.

La souris est la seule espèce animale pour laquelle on a clairement identifié les récepteurs olfactifs exprimés à la surface des spermatozoïdes. Par ailleurs nous avons choisi la souris Swiss CD1 car elle est très prolifique. Les portées sont régulièrement supérieures à 10 souriceaux, ce qui facilite la recherche d’un effet négatif sur la procréation. Les souris mâles et femelles utilisées auront entre 8 à 48 semaines.