Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-625175)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
Le projet a pour objectif la production de sérum de lapin entrant dans la fabrication d’un médicament à usage humain, immunosuppresseur visant à lutter contre le risque de rejet de greffe chez l’Homme et également utilisé dans le traitement de l’aplasie médullaire.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Le bénéfice attendu du projet est la production d’un médicament humain, commercialisé dans plus de 80 pays à travers le monde et considéré comme un « life saving drug », c’est-à-dire un médicament vital pour de nombreux patients. Il est utilisé en milieu hospitalier. Ce médicament est un immunosuppresseur sélectif utilisé pour lutter contre les rejets de greffe chez l’Homme en période pré et post-opératoire. Le médicament est également utilisé dans le cadre de la prévention de la réaction du greffon contre l’hôte aiguë et chronique en cas de transplantation de cellules souches hématopoïétiques ainsi que pour le traitement de la réaction du greffon contre l’hôte aiguë corticorésistante. Enfin, le médicament sert au traitement de l’aplasie médullaire. Il est inclus sur la liste des médicaments critiques de l’Union Européenne (Union list of critical medicines), pour lesquels un stock minimal de 4 mois est requis afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement des pays.
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
Les animaux sont changés de cage au moment de la mise en place en salle de protocole et pesés individuellement. Puis le protocole comprend différentes étapes pouvant impacter les animaux : – une phase d’immunisation : l’injection d’une suspension sur animal vigile simplement contenu (durée : 1 minute) et l’injection d’une suspension sur animal vigile simplement contenu 14 jours plus tard (durée : 1 à 2 minutes) – un premier prélèvement de sang à l’artère médiane de l’oreille sur animal vigile mis dans une boite de contention (durée : environ 5 à 8 minutes), puis l’application de colle chirurgicale au point de prélèvement pour éviter tout saignement. – un second prélèvement de sang à l’artère médiane de l’oreille controlatérale sur animal vigile mis dans une boite de contention (durée : environ 5 à 8 minutes), puis l’application de colle chirurgicale au point de prélèvement pour éviter tout saignement. – l’anesthésie de l’animal par injection intraveineuse d’un mélange d’anesthésiques sur animal vigile mis dans une boite de contention (durée : 1 minute), puis un prélèvement de sang terminal, jusqu’à la mort de l’animal (durée : environ 10 à 12 minutes).
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
Le protocole comprend différentes étapes sur les animaux inclus dans le projet : – une phase d’immunisation avec deux injections d’une suspension cellulaire sur animal vigile réalisées à 14 jours d’intervalle entrainant une douleur légère de courte durée ; – une phase de prélèvements avec deux prélèvements successifs à l’artère médiane de l’oreille sur animal vigile entrainant une douleur légère de courte durée ; – un prélèvement terminal sous anesthésie générale, entrainant une douleur légère de courte durée lors de l’anesthésie. Les prélèvements peuvent entrainer une anémie de courte durée (entre 2 et 6 jours) et celle-ci reste légère à modérée (selon une étude interne réalisée en 2023 sur le suivi de l’anémie des animaux par le biais de la mesure du taux d’hématocrite).
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
Tous les animaux entrant dans la procédure sont mis à mort, puisque le protocole prend fin à la mort des animaux lors du prélèvement de sang sous anesthésie générale.
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
A l’heure actuelle des connaissances scientifiques, il n’existe pas de modèle alternatif au lapin pour la production d’anticorps polyclonaux tels qu’inclus dans la composition du médicament final. La diversité et la quantité d’anticorps produits par l’animal permettent une compatibilité sans équivalent avec un nombre très élevé de patients receveurs de greffes dans les différents pays du monde. Cette diversité n’est pas reproductible via la production d’anticorps in vitro. En effet, plus de 80 épitopes différents de cellules de l’immunité sont ciblés par le médicament, ce qui provoque chez le patient une immunosuppression majeure et durable.
2. Réduction
La procédure expérimentale appliquée a été définie afin d’obtenir la plus grande quantité possible de sérum par animal utilisé (sérum contenant la concentration requise en anticorps polyclonaux). De plus, un travail de sélection génétique mené sur les animaux reproducteurs de l’élevage a permis d’optimiser la quantité de sérum prélevée sur chaque lapin lors du prélèvement terminal, et d’améliorer la concentration en immunoglobulines du sérum produit. De plus, la répétition des prélèvements de sang, réalisée sous surveillance du bien-être des animaux, augmente la quantité moyenne de sérum prélevée par animal. Il est donc possible de fabriquer une plus grande quantité de médicament avec un nombre équivalent d’animaux utilisés. Enfin, les lapins mâles et femelles sont utilisés dans le cadre du protocole, ce qui permet d’inclure dans la procédure tous les lapins élevés au sein de l’établissement.
3. Raffinement
Les lapins sont hébergés dans des cages conformes aux exigences de la règlementation et de respect du Bien-Etre Animal, ils disposent d’un enrichissement adapté (diffusion de radio, mise à disposition de bûchettes de bois à ronger, de tunnels pour se cacher). Les animaux élevés ensemble depuis leur naissance sont de préférence hébergés dans la même cage, afin de limiter le risque d’agression entre lapins. Le suivi quotidien des animaux est assuré par des personnes expérimentées et formées régulièrement ; des fiches de suivi permettent d’enregistrer les soins adaptés prodigués aux animaux et de suivre l’évolution de l’état de santé des animaux. Un suivi renforcé est effectué sur les animaux durant les phases de prélèvements du protocole expérimental. Une évaluation de la souffrance animale en référence à une grille établie est réalisée chaque jour. La grille permet également de fixer les points limites et de cesser immédiatement l’expérimentation sur tout lapin présentant des signes de souffrance excessive. Une prise en charge spécifique de la douleur par l’application d’un protocole d’anesthésie générale validé est appliquée lors du dernier prélèvement de sang. Enfin, l’utilisation de colle chirurgicale lors de chaque injection intraveineuse ou prélèvement de sang assure un meilleur confort à l’animal.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
A l’heure actuelle des connaissances scientifiques, il n’existe aucune méthode alternative permettant de produire le sérum entrant dans la composition du médicament humain in vitro. De plus, le médicament est sous autorisation de mise sur le marché avec utilisation exclusive du lapin, espèce qui fait référence dans la production d’anticorps polyclonaux pour l’usage pharmaceutique. L’AMM du médicament fixe également l’âge et le poids requis pour utiliser les animaux dans le cadre du protocole expérimental. Les lapins ne sont inclus dans la procédure d’expérimentation animale qu’à partir de l’âge de 14 semaines et pour un poids minimum de 2,8 Kg. C’est en effet à partir de cet âge que leur système immunitaire est capable de produire les anticorps nécessaires à la fabrication du médicament humain, en quantité et concentration suffisantes. Les animaux sont également aptes à supporter les différentes phases de la procédure (prélèvements de sang répétés notamment).