Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-638550)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
Les infections urinaires sont un motif très fréquent de consultation et de prescription d’antibiotiques en médecine générale. On estime en France leur incidence à 625 000 cas/an. Environ 50% des femmes adultes font un épisode d’infection urinaire au moins une fois dans leur vie et 20% des femmes ayant une infection urinaire auront un nouvel épisode. En mai 2023, Santé publique France publiait les chiffres des infections liées aux soins (infections nosocomiales), et montrait que les infections urinaires arrivaient en tête (28% des cas). En termes de germes impliqués, la bactérie Escherichia coli, est la cause principale des infections urinaires. Selon les données de l’assurance maladie, en ville, E. coli est la cause de 90% des infections urinaires. En ce qui concerne les infections urinaires nosocomiales, E. coli arrive également en tête des germes responsables. Les infections urinaires se traitent par des antibiotiques, notamment des fluoroquinolones. Cependant, les traitements peuvent être mis en échec par des souches résistantes aux antibiotiques. La Haute Autorité de Santé dans un rapport de 2021 montre qu’en ville près de 13% des souches de E. coli sont résistantes aux fluoroquinolones et ce chiffre monte à 19% en Ehpad. Le but de cette demande d’autorisation d’expérimentation animale est de mettre en place un modèle d’infection urinaire et de tester de nouveaux traitements de décolonisation bactérienne ciblant notamment les souches résistantes aux antibiotiques.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Le but du projet est de valider notre approche thérapeutique dans le cadre des infections urinaires. Nous espérons montrer une forte décolonisation de l’arbre urinaire suite au traitement. Nous testerons notre traitement sur 4 souches cliniques résistantes aux antibiotiques. Nous espérons pouvoir apporter la preuve de concept que nos traitements sont efficaces et ainsi proposer une solution là où les antibiotiques sont inefficaces.
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
(i) Anesthésie gazeuse des animaux + injection des bactéries dans l’uretère à l’aide d’un cathéter pédiatrique. Cette procédure prendra moins de 10 minutes par animal. (ii) 24h après infection, les animaux recevront le traitement ou le placebo. Pour cela, ils seront de nouveau anesthésiés (anesthésie gazeuse) de manière à injecter le traitement dans l’urètre. Cela prendra au maximum 10 minutes. L’administration du traitement sera unique ou répétés pendant 3 jours au total.
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
Nous allons induire une infection urinaire par l’administration dans l’urètre de bactéries. L’infection urinaire causera une nuisance légère à l’animal. Cependant, les animaux infectés vont mettre en place une réponse immunitaire visant à contrôler la prolifération bactérienne. La littérature scientifique ne reporte aucun cas de souffrance animale nécessitant le sacrifice ou l’administration de médicaments lors d’infections urinaires. La durée de l’infection urinaire sera au maximum de 2 semaines.
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
A la fin de la procédure, les animaux seront mis à mort. En effet, nous voulons quantifier les bactéries présentes dans la vessie et dans les reins et pour cela, la mise à mort de l’animal est indispensable. Des analyses histologiques seront aussi effectuées pour notamment objectiver le maintien de l’intégrité des tissus grâce à notre traitement.
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
Le but du projet est de valider de nouveaux traitements dans l’éradication des bactéries responsables d’infections urinaires. Même si des études préalables montrent une très forte capacité à tuer les bactéries ciblées in vitro, il nous faut les valider sur animal entier.
2. Réduction
Nous avons mené de nombreux travaux in vitro de manière à sélectionner les meilleurs traitements possibles contre des souches d’Escherichia coli responsables d’infections urinaires (leur efficacité est de 100% de bactéries tuées). Nous prévoyons 2 types de traitements (1 dose unique ou 1 dose pendant 3 jours). Nous commencerons par la répétition des administrations car c’est ce traitement qui a le plus de chances de fonctionner. Si nous ne constatons aucun effet du traitement, nous arrêterons les manipulations. Une approche statistique sera effectuée de manière à déterminer si le traitement est réellement efficace. Dans le cadre de la règle des 3R, un maximum de prélèvements sera réalisé sur les animaux (vessie, reins + urine) pour effectuer : par exemple le dosage des protéines impliquées dans l’inflammation, de la microscopie, des dénombrements bactériens… Nous prévoyons d’acheter des souris mais également d’utiliser des animaux surnuméraires issus des reproductions du laboratoire. L’utilisation de ces derniers permettra de limiter le nombre d’animaux achetés et d’utiliser à des fins de recherches des animaux qui auraient été mis à mort sans avoir été utilisés.
3. Raffinement
Les animaux auront libre accès à la boisson et à la nourriture. Le milieu sera enrichi à l’aide de maisons en plastique. Un suivi quotidien des animaux par des expérimentateurs habitués sera effectué de manière à repérer toute détresse animale. De plus, nous utilisons un système de score dont les paramètres sont : l’apparence, le comportement naturel, l’hydratation, les signes cliniques, et le comportement provoqué.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
Les souris se sont rapidement imposées comme étant un bon modèle d’infection urinaire dès le début des années 1980. Elles sont considérées comme étant notamment un meilleur modèle que les rats pour plusieurs raisons. Nous pouvons par exemple citer l’absence de reflux vésico-urétéral (la remontée d’urine vésicale vers les uretères et les reins), ce qui est le cas chez l’Homme; ou la présence dans l’arbre urinaire de la souris d’uroplakines (des structures transmembranaires présentent également chez l’Homme) servant de récepteurs aux bactéries E. coli responsables d’infections urinaires. Les animaux seront âgés de 8 à 10 semaines au moment de l’infection. C’est un stade de développement classiquement utilisé dans la littérature.