
Résumé non technique d'un projet d'expérimentation animale, reproduit depuis ALURES
("EC NTS/RA identifier" : NTS-FR-850949)
Objectifs et bénéfices escomptés du projet
Décrire les objectifs du projet.
Ce projet a pour objectif de mettre au point des modèles in vivo de tumeurs universellement incurables à ce jour ainsi que de tumeurs chimiorésistantes et responsables de nombreuses rechutes chez le patient. Ces tumeurs sont très différentes des gliomes de l’adulte et des tumeurs corticales de l’enfant et il est nécessaire de pouvoir les étudier plus spécifiquement. Compte tenu de la rareté du matériel primaire disponible et de l’absence de modèles pertinents de ces deux maladies, nous prévoyons de développer des modèles in vivo en réalisant des greffes intracérébrales à partir de biopsies tumorales de patients au diagnostic et/ou à la rechute. Récemment, notre groupe a pu développer les premiers modèles in vivo au monde de gliomes diffus de la ligne médiane à partir de biopsie de patient au diagnostic. Cependant, il reste crucial de renforcer la diversité génétique des modèles ainsi que d’élargir à d’autres types cancéreux afin de généraliser nos hypothèses et de consolider les statistiques sur une plus large cohorte. Afin de limiter au maximum l’utilisation d’animaux, nous développons en parallèle des cultures cellulaires primaires permettant dans un premier temps d’étudier à la fois la biologie de la tumeur mais également sa réponse à de nouvelles thérapies anticancéreuses. Néanmoins, ces modèles alternatifs ne nous permettent pas d’appréhender le comportement tumoral dans toute sa complexité, en particulier les interactions avec le microenvironnement (tumeurs cérébrales infiltrantes et métastatiques) ou encore la réponse aux traitements qui implique souvent différents systèmes au sein de l’organisme (système vasculaire, immunitaire…).
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet?
Obtenir un modèle murin génétiquement modifié de gliomes diffus de la ligne médiane permettra de mieux comprendre les étapes précoces du développement de ces tumeurs, pour le moment encore inconnu. Cette compréhension permettra d’identifier les modifications précoces menant à l’apparition de cellules tumorales permettant l’exploration de nouvelles approches thérapeutiques.
Nuisances prévues
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale?
Greffe stéréotaxique sous anesthésie générale et analgésie adatée: 1 par animal, durée entre 1 et 5 minutes. Séance d’imagerie sous anesthésie générale : une fois par semaine, durée 1-5 minutes, nombre maximal : 52 (correspondant à un an de suivi au maximum).
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux et la durée de ces effets?
Les nuisances attendues chez les animaux sont celles liées à la greffe d’une tumeur dans le cerveau. La greffe, sous anesthésie générale occasionnera une petite plaie sur le dessus du crâne, qui entraînera une gêne légère et temporaire. Par la suite, on pourra éventuellement observer des symptômes neurologiques qui sont fréquemment observés en présence d’un volume tumoral conséquent (ataxie), perte d’appétit et donc perte de poids, prostration des animaux, perte d’équilibre. L’augmentation de la pression intracrânienne peut exceptionnellement entraîner des symptômes tels que l’exorbitation des yeux, l’atteinte de l’oreille interne qui entraineraient l’arrêt immédiat de la procédure.
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
Les animaux ayant tous les greffes de tumeurs dans le cerveau, ils devront être euthansiés à la fin de la procédure pour examens et analyses sur leur cerveau.
Application de la règle des "3R"
1. Remplacement
Une singularité des gliomes de la ligne médiane (composée du thalamus, du pont et de la moelle épinière), résulte dans leur phénotype systématique d’infiltration des structures de la ligne médiane dans un premier temps, puis plus largement de tout le cerveau au décours de la maladie. Ces particularités résultent des interactions des cellules tumorales avec leur environnement qui ne peuvent être appréhendées que dans des modèles vivo, où la variété et complexité du microenvironnement tumoral peut être reproduite. De plus, la barrière hématoencéphalique, qui isole le cerveau du reste de l’organisme, est une limitation très importante dans le traitement de cette maladie (barrière non rompue) et il est nécessaire de développer des modèles de greffes afin d’évaluer une nouvelle médication avant les phases cliniques. Les molécules médicamenteuses potentiellement identifiées par la suite seront testées sur des modèles de cultures cellulaires afin de limiter leur toxicité lors du traitement des animaux, en déterminant des concentrations et une posologie adéquate. Une des perspectives de ce projet, est également d’étudier le système immunitaire dans toute sa complexité, ce qui n’est possible que dans un animal vivant.
2. Réduction
Pour la primogreffe (P0), nous voulons uniquement savoir si la biopsie est tumorigène ou non. Pour cela, nous nous contenterons donc de ne greffer que 3 animaux par tumeur afin de limiter au maximum le nombre d’animaux utilisé (réponse : oui/non). Si après la primogreffe, les souris présentent des tumeurs, alors nous réaliserons 4 passages successifs afin d’avoir suffisamment de matériel pour stabiliser le modèle, stocker la tumeur et réaliser des tests histologiques et moléculaires sur ces modèles à chaque passage : 1 souris servira au passage, 1 souris pour l’analyse histologique, 1 souris pour l’analyse moléculaire et 2 souris pour la cryoconservation du modèle.
3. Raffinement
Toutes les procédures sont réalisées sous anesthésie générale et recevront des anti-douleurs par voie sous cutanée dès l’arrivée des premiers symptômes neurologiques ou de la douleur.. Les animaux seront examinés quotidiennement. Ils seront stabulés en groupes sociaux avec un enrichissement environnemental. Les animaux auront des examens en imagerie chaque semaine, et la détection éventuelle de tumeurs emettant un seuil de lumière prédéfini conduira à l’arrêt de la procédure pour ces aimaux. Des points limites précoces et précis ont été définis et seront strictement appliqués.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents.
L’utilisation de modèles de souris immunodéprimées permet de favoriser la prise de greffe de tumeurs et de lignées cellulaires cancéreuses humaines. Les animaux utilisés auront entre 5 et 8 semaines correspondant à l’âge du jeune adulte. Nos études préalables nous ont montrées qu’il n’y avait pas différences de prise de greffe chez des animaux juste sevrés (3 semaines) et des animaux adultes (plus de 6 semaines). Cependant, le développement de la tumeur étant lent (entre 4 et 12 mois selon les modèles), nous utiliserons des animaux jeunes afin de ne pas avoir un état général dégradé qui pourrait être dû à la dégénérescence du modèle en fin de protocole.