Entre les pratiques de la Chine et la réglementation européenne REACH, la situation reste complexe pour les consommateurs et consommatrices qui voudraient ne consommer que des cosmétiques n’impliquant aucun test sur des animaux. Sauf à n’utiliser que des produits constitués exclusivement d’ingrédients d’origine naturelle non commercialisés à l’étranger ou à regarder attentivement les logos certifiants en vérifiant leur signification exacte, il n’existe aucune certitude.
À la fin des années 1980, l’idée a émergé d’interdire les tests de cosmétiques sur les animaux. Dans l’Union Européenne, après une longue lutte, ces tests ont été interdits pour les produits finis en 2004. En 2009, ils ont été partiellement interdits pour les ingrédients isolés.
En 2013, l’interdiction a été confirmée. Depuis lors, le reste du monde avance progressivement vers une interdiction générale et il était possible pour les marques européennes de vendre leurs produits non testés sur les animaux presque partout dans le monde. Deux limites subsistent.
Le cas de la Chine
Avant 2021, les marques qui vendaient leurs produits en Chine faisaient (ou laissaient faire) les tests sur les animaux imposés par le gouvernement chinois pour l’occasion, alors que la sûreté de leurs ingrédients et de leurs produits avait été démontrée par d’autres méthodes.
En 2019, les entreprises étrangères installant une unité de production en Chine ont été exemptées de ces tests, et depuis mai 2021, la Chine autorise l’importation de la plupart des cosmétiques étrangers sans obliger la réalisation de tests sur les animaux, ce qui est une énorme avancée vers la possibilité d’une interdiction mondiale.
Le programme européen REACH
REACH, lancé dans les années 2000 par l’Europe, cherche à s’assurer de la sûreté de nombreux produits de synthèse largement utilisés (des huiles essentielles aux plastiques en passant de nombreuses autres substances). Le risque était que les ingrédients utilisés en cosmétique en plus d’autres domaines soient testés sur des animaux dans le cadre de REACH, alors que la loi cosmétique interdisait ces tests.
Ce risque a été confirmé en 2020 quand on a appris que l’ECHA avait obligé en 2018 des entreprises à tester deux produits pourtant utilisés exclusivement dans l’industrie cosmétique. Malgré les recours lancés par des industriels et des associations, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé le 22 novembre 2023 que les tests devaient bien être réalisés au titre de la sécurité non pas des consommateurs et consommatrices, mais des travailleurs et travailleuses susceptibles d’être exposé·es aux substances.
Une analyse réalisée en 2021 a révélé qu’une soixantaine de substances à usage exclusivement cosmétique avaient ainsi été testées sur des animaux depuis 2013. Lancée cette même année, l’Initiative Citoyenne Européenne Save Cruelty Free Cosmetics concernait notamment cette question. Elle a reçu plus d’un million de signatures, mais la réponse de la Commission européenne en juillet 2023 a esquivé la question des cosmétiques.