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Le projet

Un site d’informations sur l’expérimentation animale tenu par un militant antispéciste, vraiment ? L’interrogation est légitime, si l’on veut évaluer à quel point il est possible de faire confiance aux contenus exposés ici. C’est pourquoi j’ai tenté de distinguer explicitement sur le site ce qui relève de l’information plutôt factuelle de ce qui est tourné vers la réflexion, notamment éthique.

Mon parcours en bref

  • Je m’appelle Nicolas Marty. Je viens initialement de la recherche en sciences humaines, avec une licence de psychologie en 2014 et un doctorat en musicologie soutenu à Sorbonne-Université en 2018.
  • En explorant l’expérimentation animale pour produire un dépliant pour l’association ACTA début 2019, j’ai réalisé la complexité du sujet. J’ai commencé à accumuler des centaines des pages de prises de notes dans l’idée d’écrire un ouvrage rigoureux et sourcé permettant d’appréhender l’étendue du débat sur des bases saines.
  • En 2020, après avoir traduit un livre de Rick Bogle, j’ai commencé à demander des documents détenus par les administrations publiques françaises, pour mieux cerner les aspects les moins accessibles du sujet, comme l’inspection des laboratoires et le fonctionnement des comités d’éthique. La plupart de ces documents m’ont été refusés et ont fait l’objet de recours aux tribunaux administratifs, qui m’ont généralement donné raison.
  • Depuis juillet 2020, je me suis entretenu longuement avec la plupart des associations spécialisées sur l’expérimentation animale (« pros » et « antis« ) qui ont bien voulu me parler de leur histoire, de leurs revendications et de leurs méthodes.
  • De février 2022 à juin 2024, j’ai été chargé de campagnes à plein temps chez One Voice.
  • Depuis, je travaille à nouveau de manière indépendante à l’écriture d’un livre, à de nouvelles démarches pour obtenir des documents, à la productions de vidéos et à la réalisation de conférences.

En finir avec l'expérimentation animale

Considérant l’expérimentation animale comme une injustice reposant sur une idéologie et un système discriminatoires (le spécisme), je me situe à l’intersection de la lutte pour le changement culturel et des efforts de réglementation des pratiques dans l’idée d’atteindre l’interdiction de l’expérimentation animale dès que possible. La vulgarisation de l’histoire de la lutte et du débat public sur ce sujet me parait particulièrement importante, afin de mettre en lumière les erreurs, les sophismes et les risques qu’il faut éviter de perpétuer.

Attaché à l’esprit critique et à l’altruisme efficace, je reste ouvert à la discussion et au débat. Si une démonstration rigoureuse de la validité logique du spécisme est réalisée, il me faudra réévaluer l’ensemble de ce projet.

Le but de mettre fin à l’expérimentation animale n’est pas foncièrement controversé. Même les personnes qui défendent ces pratiques reconnaissent qu’il s’agit d’un « mal », qu’elles qualifient de « nécessaire » (à la recherche biomédicale) et dont elles disent qu’elles préféreraient l’éviter. La controverse arrive lorsque l’on parle de mettre fin à l’expérimentation animale même dans les cas où des méthodes alternatives n’existent pas encore pour atteindre les mêmes objectifs. Ce but plus précis est pourtant une conséquence logique des travaux réalisés en éthique et en philosophie morale, particulièrement depuis les années 1970.

En effet, malgré des désaccords sur les critères permettant de déterminer si une action est bonne ou mauvaise, les spécialistes de ces disciplines s’accordent majoritairement pour dire que l’espèce d’un individu n’est pas un critère pertinent de discrimination morale. Accepter l’utilisation d’animaux dans des expériences douloureuses et/ou stressantes que l’on n’accepterait jamais sur des personnes humaines relève donc d’une faille logique.

Tous les arguments des défenseurs de l’expérimentation animale pour combler cette faille (la différence d’intelligence, la préférence pour le groupe auquel on appartient…) ne survivent pas à une analyse éthique rigoureuse. En particulier, ces mêmes critères pourraient être invoqués pour justifier des idéologies déjà condamnées telles que le racisme ou le sexisme. On reconnait désormais que les pratiques discriminatoires permises par ces idéologies ne sont pas légitimes, même en supposant qu’elles soient sources de bénéfices importants.

L’expérimentation animale doit donc être arrêtée parce qu’elle relève d’une discrimination injuste. Reste à savoir de quelle manière il est pragmatiquement envisageable d’arriver à sa fin le plus rapidement possible.

Les voies d'action

Au moins trois grandes voies sont disponibles pour avancer vers la fin de l’expérimentation animale. Quelle que soit la voie employée, la première étape est l’obtention d’informations vérifiables (sur l’état du débat, l’application des lois, les pratiques, l’opinion publique…).

Le développement de méthodes alternatives, c’est-à-dire de méthodes de recherche et de tests sans animaux sentients, est le chemin le plus évident et le plus consensuel. Sa principale limite actuelle, outre le manque de financement, est que l’on cherche des manières d’obtenir les mêmes résultats immédiats que l’utilisation d’animaux (par exemple, l’identification d’une protéine liée à une maladie ou la mesure de l’effet d’une substance sur la flore intestinale).

Pour étendre le champ des possibles dans ce domaine, il semble nécessaire d’élargir le concept de « remplacement » en s’intéressant aux résultats espérés à plus long terme (par exemple, diminuer les souffrances de personnes atteintes d’une maladie en particulier). Les alternatives ne sont alors plus seulement des méthodes de recherche, mais aussi toute autre méthode permettant d’atteindre cet objectif.

La voie juridique et législative peut servir à acter des avancées en matière de méthodes alternatives (par exemple en forçant l’application des méthodes existantes, comme le fait la loi actuelle dans une certaine mesure). Elle peut également modifier les conditions d’activité de l’expérimentation animale. La principale limite actuelle de cette voie est la difficulté à faire appliquer la loi, faute de contrôles suffisants et de sanctions proportionnées et dissuasives.

Parmi les possibilités dans ce domaine, le renforcement des obligations de transparence des laboratoires permettrait de mettre à l’épreuve les discours rassérénants qui défendent l’expérimentation animale en exposant des principes de bonnes pratiques tout en passant sous silence les déficits d’application de ces principes.

Le changement culturel consiste à vouloir agir sur l’acceptabilité des pratiques et des discours sur le temps long. Sa principale limite est que son efficacité à court terme est difficilement mesurable, mais il est indispensable si l’on veut obtenir un changement pérenne dans les mentalités.

Il s’agit ici de toucher à la légitimité perçue de l’expérimentation animale, d’une part, et à la représentation mentale que l’on se fait des individus animaux utilisés dans les expériences, d’autre part. Cela permet d’envisager l’interdiction de pratiques discriminatoires, telles que l’expérimentation animale, même lorsque celles-ci impliquent des bénéfices.

L'état des lieux

Quels que soient les domaines et malgré l’évolution des pratiques (multiplication et diversification des animaux utilisés, arrivée des réglementations, changements sociaux…), le débat sur l’expérimentation animale stagne depuis plus de cent ans.

Dès le début du 20e siècle, les alternatives à la vivisection ont été vantées (imagerie médicale pour l’étude biologique, cinéma pour l’enseignement…). Depuis, le contenu a changé (cultures de cellules de plus en plus complexes, simulations informatiques de plus en plus puissantes…), et s’y est additionnée une critique épistémologique de l’expérimentation animale, dont les résultats dans de nombreux domaines sont au mieux médiocres, d’après les revues systématiques existantes.

Pourtant, au fil des inventions de méthodes de recherche sans animaux et des critiques de la validité des « modèles animaux » employés, les laboratoires ont inventé de nouvelles manières d’utiliser les animaux. Ils ont ainsi transformé la recherche d’alternatives en une course au Remplacement de chaque méthode : tel test de toxicité aiguë est remplacé par un système de prédiction informatique, tel protocole d’observation invasive du développement fœtal est remplacé par le contrôle précis de cellules en culture... Un processus qui ne pourra avoir de fin que lorsque la création de nouvelles méthodes d’expérimentation animale sera interdite.

La réglementation actuelle en Europe repose sur le principe des 3R (Remplacer, Réduire, Raffiner), proposé dans les années 1950 par deux chercheurs impliqués dans l’expérimentation animale. Ce principe est très limité dans ses ambitions, et la réglementation ouvre la porte à de nombreuses marges de manœuvre et dérogations. De plus, le nombre d’animaux concernés stagne depuis les années 2000.

Par ailleurs, alors que le manque de contrôle des laboratoires était déjà déploré au début du 20e siècle en Angleterre, le nombre de laboratoires augmente en continu, tandis que le nombre de personnes chargées de les inspecter stagne. En soi, cela pourrait être anodin, mais les inspections constatent régulièrement des lacunes importantes de formation et de pratiques.

Enfin, l’apparition des réglementations de l’expérimentation animale depuis près de cent cinquante ans s’est accompagnée de la création de groupes professionnels. Dédiés à la communication auprès du grand public afin de rassurer celui-ci, ces groupes parlent aujourd’hui de « transparence » tout en luttant contre l’accès du public aux documents administratifs, et ont historiquement lutté contre le renforcement des lois.

Depuis le 19e siècle, la lutte contre l’expérimentation animale s’est intéressée majoritairement aux chiens, puis aux primates. Les rongeurs, qui sont devenus les vertébrés les plus utilisés par les laboratoires dès le milieu du 20e siècle, ont été largement exclus des discussions.

Aujourd’hui, cet état de fait implique que l’on entende régulièrement parler de « souris de laboratoire » ou de « rat de laboratoire », essentialisant les individus utilisés comme si l’utilisation en laboratoire faisait partie de leur définition. Cette représentation a des conséquences très réelles sur la légitimité perçue de l’expérimentation animale par le public, qui a tendance à dénigrer inconsciemment les compétences des animaux « de » laboratoire.

La critique de l’idéologie spéciste de l’expérimentation animale est encore largement limitée aux milieux de la recherche universitaire en philosophie morale, et peu reprise par les médias.

Mes méthodes et résultats

Par souci d’efficacité, je me consacre aux domaines dans lesquels je peux combler un manque dans la lutte. Les méthodes alternatives étant déjà mises en avant par de nombreuses personnes (des entités telles que Transcience, la LFDA ou Pro Anima aux groupements scientifiques comme le FC3R et aux médias), elles ne sont pas au centre de mes préoccupations.

Après avoir traduit un ouvrage sur la lutte contre l’expérimentation animale dans une grande université étatsunienne, je me suis lancé en 2020 dans une série de demandes de documents administratifs. Les rapports d’inspection des laboratoires m’ont particulièrement intéressé, dans l’idée d’analyser et de pouvoir vulgariser auprès du grand public et des décisionnaires politiques la réalité des pratiques et de l’application de la réglementation.

Mes démarches ont été entravées par les administrations publiques et les groupes professionnels. Malgré cela, elles ont abouti à un ensemble de jugements de tribunaux administratifs affirmant explicitement que les rapports d’inspection sont communicables au public. En parallèle, des associations ont obtenu la reconnaissance de la communicabilité d’autres documents, tels que les vidéos de tests standardisés et les dossiers de demande d’autorisation de projet. L’analyse des informations obtenues de cette manière, et des suites données par l’administration à mes constats, est en cours.

Le détail des chiffres de l’expérimentation animale, obtenus auprès du ministère de la Recherche, m’a déjà servi pour la production chez One Voice du site web experimentation-animale.com. Ce site présente sous un format tout à fait inédit dans le monde des graphiques interactifs et des commentaires informatifs afin de rendre l’information sur l’expérimentation animale accessible au grand public et aux journalistes. Dans le même état d’esprit, je recense les projets approuvés par le ministère de la Recherche afin d’en faciliter l’accès et la compréhension.

Depuis 2019, j’écris un livre sur l’histoire de la lutte et de la controverse autour de l’expérimentation animale, afin de permettre une meilleure analyse de la situation actuelle.

Dans ce cadre, j’explore les documents et données publiées, les ouvrages et articles déjà écrits, mais aussi les archives de presse écrite et de radio-télévision du 20e siècle. Ces dernières amènent le constat navrant que la controverse stagne depuis plus de cent ans, les mêmes arguments étant répétés à l’infini en ne se répondant jamais vraiment. Il est donc nécessaire, pour espérer faire bouger les lignes, de réaliser une synthèse rigoureuse des argumentaires et de les vulgariser à destination du grand public, des journalistes et des personnalités politiques.

Cela m’a déjà permis de réaliser des briefings et des conférences notamment à destination des militants et militantes, de manière à mieux les informer sur les faits et à les former sur l’analyse critique des arguments.

À moyen terme, l’idée est de pouvoir fournir une synthèse opérationnelle aux associations et aux personnalités politiques engagées sur ce sujet.

J’ai fourni mon expertise pour l’élaboration des mesures préconisées par Convergence Animaux Politique et le Parti Animaliste dans le cadre des élections 2022.

Côté législatif et réglementaire, par le plaidoyer politique et le conseil aux associations, je préconise aujourd’hui :

  • une garantie de transparence administrative sur l’ensemble des étapes de l’expérimentation animale,
  • un renforcement sans concession du système d’inspections et de sanctions,
  • une réforme complète du système d’évaluation des projets pour y inclure notamment une expertise en éthique animale et une harmonisation des critères objectifs d’évaluation,
  • l’interdiction pure et simple de créer de nouvelles méthodes d’expérimentation animale.

Dans le domaine du changement culturel, je suis une voix pour la critique radicale du spécisme intrinsèque à l’expérimentation animale, puisque cette voix n’existe presque nulle part ailleurs.

Je suis à la disposition des associations et des médias, et je réalise actuellement des analyses sur ce sujet, qui seront publiées dans la section « réflexion » de ce site.

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