Aujourd’hui, Libération publie une tribune signée par vingt-trois universitaires dont dix philosophes, qui appellent à écouter les spécialistes d’éthique et à décentrer le débat sur l’expérimentation animale de la question purement technique, pour se demander si infliger des souffrances à des animaux pour nos propres intérêts peut réellement être légitime.
Ce texte fait suite au déluge de réactions qui ont ponctué trois amendements au projet de loi de finances pour 2025, adoptés à l’Assemblée et rejetés au Sénat (sans parler de la censure du gouvernement Barnier). Ces amendements, portés respectivement par La France Insoumise, le Parti socialiste et le Rassemblement national, proposaient de taxer l’expérimentation animale à hauteur de 1 € ou 50 € par animal utilisé, pour financer le développement de méthodes sans animaux et/ou la retraite des rares animaux qui survivent aux laboratoires.
Parmi les réactions de la profession : un courrier de professionnels aux députés alignant les mauvais arguments habituels, une lettre adressée par l’Académie des sciences aux parlementaires, des tribunes outrées alignant le déshonneur par association (avec les nazis ou le régime de Staline) et les affirmations fausses… Tout y est passé pour dire que si l’on taxe l’expérimentation animale ne serait-ce que d’un euro par animal utilisé, c’est la fin de la recherche en France.
Mais aucune n’a explicité le calcul. Certes, une taxe de 50 € par animal (soit cent millions d’euros par an) pourrait impliquer des difficultés logistiques non négligeables et nécessiter des changements radicaux. Mais avec une taxe d’un euro par animal, comment deux millions d’euros par an, redirigés de l’utilisation d’animaux vers le développement de méthodes d’expérimentation sans animaux, pourraient-ils entrainer la fin de la recherche dans tout le pays ?
Quoi qu’il en soit, nous en restons au même point : pour peu qu’il ne soit pas humain, le droit de disposer de la vie d’un individu sentient et de l’instrumentaliser à nos fins ne coûte même pas un euro.