Antispécisme et expérimentation animale

Alors que le débat est souvent axé sur la validité ou l'invalidité scientifique des expériences menées sur les animaux, sur leur niveau de souffrance, sur certaines pratiques particulièrement décriées par le public, on entend beaucoup moins parler du débat de fond en philosophie morale. Le Que sais-je ? cité dans ma liste de lectures recommandées aborde ces aspects, mais il me parait important de mentionner ici des contenus antispécistes de première main, qui permettent de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du refus du spécisme dans ce domaine au-delà des caricatures qui en sont souvent faites.

Le corps des animaux utilisés à des fins scientifiques – l’éthique de l’avilissement (2023)

Dans le cadre du DU Animaux et société de l’Université de Rennes, Fabien Marchadier parle notamment des différences de prise en considération des intérêts des animaux et des humains utilisés en expérimentation, les animaux étant considérés non comme des individus mais comme des instruments standardisés au service de la science, cette différence étant instaurée par la loi sans prendre en compte leur vulnérabilité intrinsèque.

(Con)sciences : doit-on se passer de l’expérimentation animale ? (2022)

Le 12 décembre, dans le cadre d’un cycle de tables rondes, l’Université de Namur (Belgique) a organisé une table ronde dans laquelle François Jaquet, seul spécialiste de philosophie morale et d’éthique animale, a magistralement défendu l’impossibilité rationnelle de poser des règles de droits (déontologistes) pour l’expérimentation humaine tout en organisant l’expérimentation animale de manière conséquentialiste et spéciste.

Quand le chercheur n’est pas là, les souris dansent (2022)

Cet article de Timothée Gallen fait partie des rares écrits qui abordent de front la question morale sur l’expérimentation animale, en s’appuyant sur les arguments scientifiques et sur la philosophie morale, pour rappeler comme le faisait Singer que si on accepte l’expérimentation animale d’un point de vue utilitariste, aucun argument logique ne permet d’exclure totalement l’expérimentation sur certaines personnes humaines.

Peut-on parler d’éthique en expérimentation animale (2022)

Le 10 mars, à Bordeaux, sur invitation d’ACTA et de l’Université Populaire de Bordeaux, j’ai donné une conférence questionnant la notion d’éthique en expérimentation animale du point de vue de la philosophie morale et de l’antispécisme. J’imagine (et j’espère) que c’est une bonne base pour se poser des questions sur ces sujets complexes.

Face aux animaux — Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences (2022)

Ce livre de Laurent Bègue-Shankland questionne nos relations aux animaux autres qu’humains sous le prisme de la psychologie sociale, avant de présenter les résultats d’une expérience impliquant de faire injecter par des personnes lambda des doses de plus en plus toxiques d’un produit à un (faux) poisson, ce qui permet d’éclairer les motivations qui sous-tendent l’expérimentation animale et les manières dont la plupart des gens peuvent se mentir à eux-mêmes pour se rassurer face à des actes de cruauté envers les animaux. J’en ai produit un compte-rendu pour la revue L’Amorce.

The Ethical Case against Animal Experiments (2018)

Cet ouvrage collectif de philosophie morale est spécial puisqu’il émane d’un rapport et d’un colloque du Oxford Center for Animal Ethics, financés par l’association Cruelty Free International. Les arguments pro et anti sont exposés et analysés, avec une position clairement antispéciste (dont les éditeurices disent qu’elle n’a pas été contrainte par le financement), argumentée rationnellement.

La souffrance animale est-elle moralement justifiée dans le cadre de l’expérimentation thérapeutique ? (2018)

Je recommande le visionnage de ce “disputatio” (genre de débat organisé avec des “juges de touche” qui repèrent les arguments problématiques et des personnes qui vérifient les informations en temps réel) en quatre rounds, mis en place par le Cortecs (association dédiée à l’esprit critique), avec un chercheur en pharmacologie et un militant égalitariste.

Peter Singer devrait-il être abolitionniste en matière d’expérimentation animale ? (2017)

Dans un ouvrage traitant très largement de la pensée de Peter Singer et de son évolution depuis la fin des années 1970 (après la sortie de La libération animale, encore cité comme référence dans beaucoup de milieux animalistes), Thomas Lepeltier se demande si les systèmes moraux de Singer sont compatibles avec le fait que Singer ne se soit pas positionné comme strictement abolitionniste concernant l’expérimentation animale. Thomas Lepeltier poursuit cette réflexion en 2020 dans son chapitre “expérimentation animale” pour l’ouvrage collectif La pensée végane, en s’intéressant également aux autres systèmes moraux antispécistes.

The Ethics of Animal Research – Exploring the Controversy (2012)

Ce livre est l’un des rares ouvrages collectifs de philosophie morale dédié exclusivement à l’expérimentation animale, avec des contributions très variées, qui vont de l’antispécisme déontologiste à des défenses absolues de l’expérimentation animale en passant par des analyses de chacune des grandes écoles d’éthique normative et appliquée (utilitarisme, éthiques de la vertu et de la vulnérabilité, contractualisme, casuistique…).

Développer un discours antispéciste sur l’expérimentation animale (2005)

Comme le titre l’indique, ce texte de David Olivier, figure importante de l’antispécisme français, met en perspective les difficultés à parler de l’expérimentation animale dans un contexte antispéciste, en particulier du point de vue utilitariste.

Animal Experimentation — The Moral Issues (1991)

Ce livre en anglais, jamais traduit, met en regard les textes de personnes ayant diverses positions sur l’expérimentation animale. L’antispécisme y est en bonne place, avec notamment des textes de Richard Ryder, Peter Singer, Tom Regan et Bernard E. Rollin. Face à chacun de ces textes, les arguments principaux des personnes favorables à l’expérimentation animale ou rejetant le concept de spécisme ou ses applications sont présentés, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble du débat, qui n’a finalement pas beaucoup changé depuis 1991.